L'interview de Billy Wilder
Marilyn
Marilyn Monroe
Marilyn Monroe seule
Puis elle se tut, secouée de sanglots convulsifs, tandis qu'Arthur la ramenait à sa chambre. Il ne supportait pas les cris et les disputes, et espérait qu'elle prendrait un calmant, s'endormirait et ne parlerait plus de l'incident. Mais elle se releva encore plusieurs fois ce jour-là, en proie à de véritables crises de nerfs, pleurant, hurlant et s'arrachant les cheveux. Arthur partit se réfugier à la campagne. A quelques jours de là, Norman et Hedda Rosten reçurent un appel affolé de May Reis. Il était 3 heures du matin. Marilyn avait fait une surdose.
Lena Pepitone l'avait trouvée évanouie sur le sol de sa chambre, le visage plein de vomissure. Incapable de la ramener à elle, Lena avait joint le médecin dont le nom figurait sur la liste des personnes à appeler en cas d'urgence que May conservait dans son bureau. Le médecin avait pratiqué un lavage d'estomac. May Reis avait appelé Miller dans le Connecticut, puis les Rosten.
On avait, une fois de plus, frôlé la catastrophe. Norman Rosten se souvient qu'elle reprit connaissance au lever du jour et se mit à pleurer doucement. « Comment te sens-tu, ma chérie ? demanda Rosten.
— Vivante... Pas de chance, répondit-elle d'une voix à peine audible. Méchants, méchants tous tant qu'ils sont, ces salauds... Oh, mon Dieu... »

Marilyn piqua une colère. Comment Wilder pouvait-il ainsi se moquer d'elle, publiquement, dans la presse ? Lena Pepitone se rappelle l'avoir entendue hurler : « Je l'ai rendu malade, lui ?» en déchirant le journal en mille morceaux. Bondissant hors de son lit, elle se rua dans le bureau d'Arthur en criant : « C'est de ta faute ! Tout ça est de ta faute ! Tu ne vas pas laisser faire ça, espèce de salaud ! Tu vas faire quelque chose 1 Tu dois faire quelque chose ! Dis quelque chose Tout le monde va me prendre pour une idiote ! Il faut que tu dises quelque chose 1 Les gens t'écoutent, toi. On te respecte, toi !
Arthur lui conseilla d'oublier tout ça...
« Oublier ? Oublier ! hurla-t-elle. Je n'oublierai jamais ! Comment pourrais-je oublier mon bébé ?... Mon bébé ! »

Elle n'était pas encore remise de sa fausse couche quand une interview de Billy Wilder par Joe Hyams parut dans un grand nombre de journaux à travers le pays. Reprochant à Marilyn son manque de professionnalisme, Wilder y déclarait : « Je suis le seul metteur en scène à avoir fait deux films avec Marilyn Monroe. La Guilde des réalisateurs de cinéma pourrait me décerner une décoration, je la mérite. » Wilder s'étant plaint de ce que le comportement de Marilyn pendant le tournage l'avait rendu malade, Hyams lui demandait si sa santé s'était rétablie depuis, et Wilder répondait : « Je mange de meilleur appétit, je ne souffre plus du dos, j'ai retrouvé le sommeil et je peux regarder mon épouse sans qu'il me prenne des envies de la frapper pour .> la simple raison qu'elle est une femme. » Enfin, interrogé sur • ses projets et sur l'éventualité d'un troisième film avec Marilyn Monroe, il déclarait : « J'en ai parlé à mon médecin et à mon psychiatre, et ils pensent tous deux que je suis trop vieux et trop riche pour m'y risquer une nouvelle fois. »

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